Le CAAPG

LE CENTRE D’AMPELOGRAPHIE ALPINE PIERRE GALET

Fondée à l’initiative de vignerons et de personnalités du monde de la vigne et du vin, cette association oeuvre depuis des années pour la restauration de vignobles de terroirs et de cépages oubliés.

Le site internet est en ligne, avec la ville de Montmélian.
http://www.cotes-et-vignes.fr/centre-dampelographie-alpine-pierre-galet/caa-pg/

Le bulletin de mars 2013  Bulletin de liaison n°6 livret

 

 

 

 

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 Rapport moral. AG 2012

Centre d’Ampélographie Alpine Pierre Galet (CAAPG)

AG du 11 février 2012

Un petit peu de philosophie et d’économie pour vous dire combien il faut revenir aux principes fondamentaux. L’agronomie, la biologie sont les deux sciences essentielles dont nous avons besoin pour vivre. Ce qui nous amène au respect de la nature et à notre sujet d’aujourd’hui, la protection de notre biodiversité pour la vigne.

Nous faisons tous partie du monde vivant sur notre planète, tout comme les animaux, les plantes, les micro-organismes…  Mais l’égalité, n’est vraie que dans le sens ou nous naissons, pour mourir, et laisser place à notre descendance, Après, dans la vie, l’égalité, ce n’est que des mots. Si la vigne est pour moi, la plus familière des plantes, le pommier et la pomme sont à l’image de ce que la vie doit être. C’est un symbole fort dans l’ancien testament. Il est proche de la vigne par le nombre de variétés. Ses fruits suppléent les raisins dans les climats moins favorables, pour produire une boisson. Comme nous le faisons au CAAPG, de nombreux conservatoires ont été créés et de nombreuses associations militent pour garder un patrimoine ancestral. Pourquoi parler du pommier et de la pomme ? Pour dire ou redire une phrase qui me tient à cœur, qui m’est tout un symbole dans la vie :

Un arbre, pour avoir de beaux fruits, doit avoir de belles racines !

Pour moi, l’image de ce beau fruit est la pomme. Cette pomme si bonne dont on mangerait même le trognon, ou tellement pleine d’eau que l’on jette après quelques coups de dents, une fois que nous nous sommes désaltéré, ou au gout de chimie résiduelle, qui nous soulève le cœur. Comme la vigne, les pommiers produisent suivant le lieu, leur mode de culture, comment leurs racines se sont développées.

Nous les hommes, nos civilisations, sommes à l’image des pommiers et la vigne. Nous serons riches de ce que notre histoire nous a apporté. Si nous n’en tirerons pas la substantielle moelle, que nous ont léguée, nos parents, nous passons à coté d’une richesse qui est à portée de main. Comme ces vignes désherbées chimiquement ou ces vergers alimentés aux gouttes à gouttes, et dopés NPK, nos racines restent superficielles. Je dirais même virtuelles, à l’image de notre scandaleuse économie moderne. Economie qui est contrainte à la croissance, car elle a gagé l’avenir en s’endettant. Pour créer de la croissance, on crée des emploies et des services qui paralysent les outils de productions, que l’on doit assister financièrement. L’agriculture, depuis les années 60, fonctionne avec ce système d’aides pernicieuses et indignes. Il a été créé pour les céréaliers beaucerons, quand l’organisation mondiale du commerce a voulu réguler le prix des céréales. La vigne a gardée une certaine dignité beaucoup plus longtemps, mais est actuellement au même niveau. Les aides distribuées vont en majorité à des entreprises qui n’en ont pas besoin. Le seul but de créer de la croissance c’est de combler les déficits accumulés. Cet avenir que nous laissons à nos enfants, nous l’avons gagé par cette pratique pernicieuse. Elle devient la gageure du 21ème siècle.

Je reviens à mon pommier pour dire, combien il est chargé de gui. Nous nous devons impérativement de reprendre à notre compte notre subsistance et notre développement qui n’a rien à voir avec une quelconque croissance. Refusons cet asservissement qui est justement imposé par la mondialisation, la croissance à tout prix, la concentration de la production au détriment de l’homme et au bénéfice de l’économie. Ces pratiques amène une tyrannie de l’administration et du système bancaire sur la production qui est la seule vraie, source de richesse.

Non je ne divague pas ! La perte de notre identité viticole au travers de la perte de notre biodiversité viticole, colle exactement à cette évolution de notre société. Le dictat d’une administration que nous avons installée pour avancer vers la « qualité », le dictat des financiers qui ont été installé pour nous aider, est devenu trop lourd pour continuer ainsi.

Ces organismes bien installés basent leur existence et leur croissance, trop souvent, au détriment de ceux qu’ils doivent aider et pour lesquelles ils ont été créés. Ainsi des cépages ont été interdits, parce qu’évincés des décrets des appellations. Les « appellations » par protectionnisme ont verrouillé l’autorisation et le développement de la vigne, hors leur production. Par facilité, les vignerons se sont orientés vers des productions rentables et « tendances », au gout des clients. Les crises viennent de vouloir trop suivre ce gout du client, plutôt que de l’anticiper. Ce monde viticole actuel, a des racines beaucoup trop superficielles et il faut l’aider pour que ses racines reprennent de la profondeur.

Dans mon propos, nous sommes passés de l’économie générale, à l’agriculture et à la viticulture. Ce n’est qu’un constat que je viens de faire.

Maintenant, comment devons-nous agir et que devons-nous faire, chacun à notre niveau ? Et comment le CAAPG peut aider à cette évolution ?

Ces cinq années d’existence du CAAPG, ont été mises à profit pour insuffler à la viticulture de nouvelles perspectives. Je suis fier de faire partie de cette petite équipe, qui a permis de belles avancées avec Roger Raffin à sa tête. Il a passé le témoin, et reste toujours très actif dans l’association.

Comme je l’ai dit en introduction, il faut revenir aux principes fondamentaux.

Il faut réapprendre cette sagesse paysanne que les générations précédentes avaient et que nous avons crue désuètes en découvrant les nouvelles techniques agricoles.

Les fondamentaux :

-La vigne :

-a) Ses terroirs commencent à reprendre vie dès que les principes agronomiques sont appliqués, dès que le vignerons cesse de croire que le sol n’est qu’un support neutre et que le pied de vigne n’est rien de plus qu’une plante en pot.

-b) Les cépages sont des individualités, aux potentiels différents, qui peuvent permettre aux vins des expressions particulières, adaptés au plaisir de chacun. A nous, vigneron, de trouver les cépages que l’on veut cultiver, pour faire le vin que nous avons envie de proposer à nos clients ou futurs clients. Mais, ce ne doit jamais être l’inverse !

Le CAAPG, par ses travaux de recherche et de collecte permet de préparer cet outil qui sera disponible, petit à petit, et que nos arrière petits enfants, que nous ne connaissons pas, pourront pleinement utiliser. Les conservatoires qui se mettent en place seront leurs réservoirs génétiques. Les cépages oubliés que nous sommes entrain de multiplier, que nous devrons vinifier pour connaitre leur potentiel, seront peut-être leurs cépages courants. Là, les aides distribuées pour la collectivité viticole, comme dans le projet Vin’Alp, ne sont pas des aides indignes. Elles sont les bienvenues. Elles prennent toutes leur signification, encore faut-il être vigilant pour éviter le gaspillage.

-Le vin :

-a) Que l’on commence à parler de « buvabilité » d’un vin, avant de parler de typicité et de qualité : autant d’individus, autant de gouts différents. Un vin doit procurer du plaisir et de l’émotion. Il doit avoir une âme, c’est-à-dire qu’ « il doit ressembler au paysage et au vigneron qui l’a fait » Et pour ça, il ne doit pas être maquillé par l’œnologie pour devenir universel. C’est un produit vivant, il faut vraiment, le laisser vivre. Pour pouvoir le laisser vivre sans interventions intempestives, il faut que le raisin, la vigne, la terre vivent pleinement. Il faut que le vigneron puisse prendre le risque de ces engagements. Ce n’est pas possible dans notre économie moderne, parce que les années fastes sont ponctionnées par les prélèvements obligatoires et ne peuvent pas être l’assurance des années difficiles.

-b) Les appellations ne garantissent plus l’excellence, mais sont là pour éviter le défaut. Le défaut étant le contraire de la qualité, si la qualité est propre à chacun, que devient le défaut ? Si la référence est l’œnologie moderne, que deviennent les particularités ? Pour moi, jeune, je ne pouvais pas mettre le nez sur un vin jaune : c’était un vin à défaut. J’ai appris à le connaître, c’est un grand vin, que j’apprécie maintenant. Et j’ai compris qu’un vin a les défauts de ses qualités, c’est-à-dire que l’oxydation, fait la qualité du Jaune, du Madère,…Qu’une certaine amertume, est une super potentiel pour un vin blanc jeune. Qu’une certaine fermeté, est gage d’un beau vieillissement pour un vin rouge.

Vous me direz que pour les appellations, c’est des professionnels qui en sont garants. Bien sûr, mais le souci d’un professionnel, c’est d’abord de protéger ses acquits, pour preuve : un vin de table, qui peut être un vin de cépage, n’aurait pas le droit de porter le nom du cépage en Savoie ou en Alsace, où les vins d’appellations sont majoritairement des vins de cépages. Dans ce monde complexe ou la logique n’est pas toujours de mise, nous devons ne pas continuer à subir, mais proposer, innover, avancer.

-c) Les consommateurs, ils ont leurs gouts, encore faut-il qu’ils veuillent bien accepter de boire du vin. Pour cela il faut des grands vins, plus difficile à comprendre, avec du potentiel de garde, que l’on peut approcher, une fois initié,

mais il faut surtout des vins simples, friands, agréables, sans trop d’alcool, sans ambition pour le plaisir du plus grand nombre, et pour que les jeunes reviennent au vin.

-d) La communication doit être un message simple qui donne envie d’acheter une bouteille, pas : c’est le meilleur…, le plus…, le mieux…, respectueux de…, élevé en…, c’est du genre : « vu à la télé », même si ça marche, ça ne marche que le temps de se faire avoir, une fois. Il est important de parler vrai : buvez le avec…, pas trop froid parce qu’il est bon (le froid est souvent la seule raison du plaisir), ce vin a une histoire…, il a un réel patrimoine…., il est apprécié pour telle ou telle raison.

Souvenons nous, que le projet Vin’Alp, est un des pions qui nous amènera à l’inscription au « patrimoine immatériel de l’UNESCO » C’est une pièce maitresse de notre future communication.

-L’économie :

La discipline économique est trop souvent bafouée, parce que le système économique a la toute puissance sur la production. Les banques créées pour aider la production, manquent à leur mission, en basant leur propre développement sur le dos de cette production. Elles sont devenues les maquignons des temps modernes. Nous producteurs, en acceptants ce fonctionnement, cautionnons notre propre asservissement volontaire. Nous pouvons dire non et nous organiser autrement, si nous étions plus solidaires entre nous. Si nous nous inspirions de nos grands parents qui ont été des pionniers, en créant tout un réseau social, que nous avons laissé partir en 50 ans. Une nouvelle économie solidaire est en train de se préparer, ne la ratons pas : ventes directes, échanges, ventes de proximité… Regroupons ce qui peut être rassemblé. Créons cette synergie du groupe, à dimension humaine.

-L’homme :

C’est bien la finalité de notre démarche, le centre, la priorité. Pourquoi, faire de la croissance, si c’est pour laisser sur le carreau, l’homme, les hommes.

Pourquoi concentrer, agrandir, pour vendre moins cher, brader, piquer le marché de son voisin, et accepter des aides, pour capitaliser, ne pas en profiter, souvent gaspiller ?  Réinventons cette agriculture à visage humain, avec nos différences, notre potentiel viticole, immense.

Je n’admets pas qu’une majorité puisse se désintéresser de l’avenir à long terme. L’individualisme profite à de grosses structures qui asservissent l’homme pour elles même. Il est possible de travailler ensemble pour construire. Il ne faut pas accepter le fatalisme. « Indignons-nous », comme, Stéphane Hessel, l’a écrit dans son fameux fascicule. Impliquons nous, mobilisons nous.

Dans le monde, il y a des régions plus riches que d’autres. Les Alpes, terre difficile et belle fait partie de ces endroits privilégiés. Ce mélange de rudesse et de beauté ont été le creuset de cette richesse au fils des siècles. La vigne est un exemple de ce potentiel.

La tendance de ces dernières décennies a fait croire à la perte de ce capital : mondialisation, apparition de pratiques dites techniques ou technologiques, engouement et rejet des « hybrides ».

Nous avons la chance que le CAAPG ai été créé, et que cet esprit de sauvegarde en soit le moteur.

De nombreuses vielles vignes ont été arrachées, mais il n’est pas trop tard. Tous les ans nous découvrons quelque chose de nouveau. Il reste encore beaucoup à faire, à visiter de nouveaux secteurs, de nouvelles vignes. La dynamique est lancée, mais il est nécessaire d’avoir plus de monde impliqué au seing du CAAPG. Il est important ce travail de bénévoles, mais il ne doit pas être l’action de seulement quelques personnes. J’insiste pour que les vignerons soient beaucoup plus actifs. Des amateurs nous apportent leur appui, mais c’est à nous les professionnels à savoir ce que nous voulons pour demain, et pour être fiers de ce que nous laisserons demain, à nos enfants.

M.G.

 

tropheesdesavoie.com

L’ampélographie (du grec Ampélos qui signifie vigne et Gaphein qui signifie décrire), science de détermination des cépages, retrouve une importance de premier plan.

Afin de répondre à ce triple enjeu social, économique et scientifique, le Centre d’Ampélographie Alpine Pierre Galet est née en mars 2007 sous forme associative,  avec l’ambition de conforter la valorisation des cépages oubliés et la restauration de vignobles de terroirs marginalisés.

Le Centre d’Ampélographie s’est fixé comme objectif :

  • la valorisation du fond documentaire de Pierre Galet en partenariat  avec le musée de la Vigne et du Vin de Montmélian. Pierre Galet ; enseignant-chercheur à l’Ecole Supérieure d’Agronomie et à l’INRA de Montpellier est un ampélographe de renom mondial qui a consacré sa vie à l’étude des cépages de tous les pays. Ses archives qu’il a légué au Centre d’Ampélographie Alpine se trouvent au Musée de la Vigne et du Vin à Montmélian.
  • La conservation génétique avec :
    • la prospection de cépages autochtones et anciens
    • la création et la coordination de conservatoires,

 Pierre GALET et le président Michel GRISARD

Un projet à dimension régionale et transalpine

L’action du Centre d’Ampélographie Alpine s’inscrit dans la dynamique du réseau « Vignobles et cépages rares de Rhône-Alpes ». Ainsi, bien que basé en Savoie, son action se veut concerner l’ensemble des vignobles de l’arc alpin.

Un projet global

Le projet associatif du Centre d’Ampélographie s’inscrit dans un projet global de développement. Il veut contribuer à la restauration de la viticulture alpine dans ses fonctions de valorisation du patrimoine et dans ses ressources humaines et économiques.

Une diversité d’acteurs mobilisés

La force du Centre d’Ampélographie Alpine est de s’appuyer sur une grande diversité d’acteurs. Des liens étroits sont établis avec le tissu associatif local (Solid’Art Maurienne, Apremonde,..) et régional (réseau « Vignobles et Cépages Rares de Rhône-Alpes »), mais également avec un réseau de vignerons reconnus et en charge de responsabilités au niveau des syndicats professionnels ainsi qu’avec des personnalités marquante du milieu viticole scientifique comme Pierre Galet, José Vuillemoz… La structure bénéficie d’ores et déjà d’une bonne visibilité auprès des instances scientifiques et institutionnelles.

En cliquant sur le lien ci dessous vous pourrez écouter l’émission de France Inter, Carnet de Campagne, du vendredi 11 février 2011 à propos des associations de Savoie : http://sites.radiofrance.fr/play_aod.php?BR=10767&BD=11022011

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